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Jugurtha, un Berbère contre Rome — De Haouaria Kadra

Le digne descendant de Massinissa
Par Suzanne GUELLOUZ
C’est un beau travail, très bien documenté mais d’accès facile, notamment parce qu’il est très bien écrit, que Haouaria Kadra, universitaire algérienne, nous donne à lire dans ce volume de quelque 200 pages, publié à Paris, en 2005, chez Arléa.

Jughurta

Latiniste, elle est certes habitée par le souvenir de La Guerre de Jugurtha de Salluste, mais c’est avec un esprit critique digne de tous les éloges qu’elle utilise ce qui est la première et principale source en la matière. Se sachant non spécialiste d’histoire ancienne, elle s’entoure de toutes les garanties : de là une bibliographie particulièrement riche et un souci exemplaire de faire état de toutes les réponses données quand il y a diversité d’interprétation. Cette attitude, faite d’engagement personnel et d’objectivité, d’émotion (intellectuelle, s’entend) contrôlée et de dramatisation des connaissances, est de celles qui conviennent le mieux à la biographie, un genre qui, à mi-chemin entre le récit romancé et l’étude scientifique, permet, peut-être plus que toute autre forme littéraire, l’appropriation discrète, mais ferme, du sujet.
Un sujet qui, en l’occurrence, est passionnant. Jugurtha est en effet une de ces figures mythiques qui hantent les imaginaires romain et européen (dans la mesure en tout cas où l’histoire de Rome et la littérature latine ont nourri la culture de l’époque classique) mais aussi maghrébin. « Jamais le souvenir du grand chef ne s’effaça de la mémoire de ses compatriotes », écrit notamment Mohamed-Chérif Sahli, qui publia en 1947, à Alger, Le Message de Yougourtha, que son titre seul prédestinait à un accueil enthousiaste de la part de la jeunesse érudite du Maghreb mais aussi, on le devine, à un accueil plus réservé des autorités coloniales.
Enfant naturel de Mastanabal, le troisième et dernier fils de Massinissa, Jugurtha est, à la mort de son père, en 140 ou 139 avant Jésus Christ, alors qu’il a seize ou dix-sept ans, recueilli par son oncle Micipsa, le fils aîné. Il est aussitôt considéré comme le digne descendant de Massinissa. Chéri de tous les Numides pour ses qualités physiques et intellectuelles, il devient vite un danger pour la branche régnante.
En 134, Micipsa l’envoie donc en Espagne, au secours de son ami Scipion Emilien, à qui les Romains viennent de confier la tâche d’arracher Numance aux Celtibères qui leur résistent depuis neuf ans. Il espère ainsi se débarrasser de lui. Mais Jugurtha survit et contribue même à consolider le statut de « royaume-client des Scipions » qui était déjà celui de la Numidie. A la demande des Romains, on se calme de part et d’autre ; Micipsa adopte même Jugurtha, qu’il place en 121 en tête de ceux qui doivent lui succéder, devant Adherbal et Hiempsal, ses deux fils, et devant Gauda, le demi-frère, de naissance légitime, de Jugurtha. De là le déclenchement des hostilités entre les cousins. Jugurtha tue Hiempsal, vainc Adherbal qu’il a provoqué, bafouant la répartition territoriale que Rome, à la demande d’Adherbal, avait voulu imposer et le tue.
En 112, et malgré l’inquiétude suscitée par les migrations des peuples germains, Rome déclare la guerre à Jugurtha. Dans un premier temps, c’est lui qui mène le jeu. Il compromet le consul Calpurnius Bestia — ce qui accroit l’hostilité à laquelle était en butte l’oligarchie sénatoriale dont il faisait partie — et parvient à faire tuer à Rome même, par son ami Bomilcar (dont il parvient à assurer le retour en Numidie avant de se faire expulser) son dernier rival possible, Massiva, fils de Gulussa. Sitôt rentré, Jugurtha affronte successivement, et avec succès, Postumius Albinus et son frère Aulus Postumius — dont le comportement permet au parti populaire (les populares) de déclencher une nouvelle offensive contre l’oligarchie sénatoriale-, puis Quintus Caecilius Metellus, dont un des légats, Marius, était promis à un brillant avenir. C’est pendant l’été 109 qu’a lieu, près du Muthul — probablement l’oued Mellègue-, le premier grand combat entre Numides et Romains. Metellus gagne une bataille mais, il le sait, il n’a pas gagné la guerre. Le Kef et d’autres places ayant été perdues, Jugurtha pratique en effet la guérilla avant de reprendre la lutte de façon officielle. Il regagne un certain nombre de cités et s’en prend à Vaga -Béja-, ville toute proche de la province romaine, en convainquant ses notables de comploter contre la garnison que Metellus a installée dans cette place.
S’en suit un massacre auquel les Romains répondent par un autre massacre. Puis Metellus prend, non sans difficultés, un certain nombre de villes dont Thala. C’est alors que Jugurtha recherche l’alliance des Gétules et de Bocchus, le roi de Maurétanie, son beau-père et alors son ennemi feutré. C’est avec lui qu’il marche sur Cirta, occupée par les Romains, dans l’espoir de voir Metellus venir à leur secours. Ce qui n’eût point eu lieu si, en cet automne 108, Metellus n’avait appris que son ancien adjoint et client Marius n’était nommé, en tant que consul, en ses lieu et place à la tête de l’armée de Numidie. Avec l’énergie du désespoir, Metellus s’efforce mais en vain de détacher Bocchus de Jugurtha.
Le nouveau venu, Marius, veut d’entrée frapper fort. Il prend Capsa -Gafsa- et d’autres places et se rend ainsi maître de l’est de la Numidie et de Cirta. Malgré l’aide de Bocchus, Jugurtha perd deux batailles : l’une près de Sétif, en octobre 106, l’autre, trois jours plus tard près de Cirta. Sylla, autre figure promise à un grand avenir, fut dès lors chargé par Marius de gagner Bocchus, dont les atermoiements indisposaient tout le monde, à la cause des Romains. Il y parvint. Aidé par Aspar, que Jugurtha a envoyé auprès de son beau-père pour l’espionner, et aussi par Dabar, fils de Massugrada, un parent de Jugurtha qui est tout acquis à Rome, le beau-père attire son gendre dans un guet-apens.
On est à la fin de l’été 105. Jugurtha est livré à Sylla, puis transféré à Cirta, où se trouvait Marius, et, ensuite, à Rome où, dûment surveillé, il attend le triomphe de son adversaire, qui devait avoir lieu le 1° janvier 104, et, enfin, la mort. Ainsi périt celui qui, malgré son échec, resta cher au cœur des Numides et que son panache a rangé parmi ceux qui, en dépit de leurs propres défauts –dont certains sont du reste ceux de l’époque- contribuèrent à ternir l’image de la fin de la République romaine.
Si Haouaria Kadra donne à cette étonnante aventure tout le relief souhaité, c’est que, surmontant la décourageante complexité des faits, elle la resitue dans l’histoire et la met en perspective. La précision avec laquelle elle en retrace toutes les étapes se combine en effet harmonieusement avec la vision globale -et elle aussi très précise- qu’elle nous offre des deux espaces politiques qui lui ont servi de théâtre : Rome et la Numidie.
Cette biographie, la première qui, à notre connaissance, ait été rédigée en français, enrichira l’information du lecteur tunisien qui disposait depuis 1984 du Jugurtha en arabe publié à la M.T.E. par M’hamed Hassine Fantar.

S.G.
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Haouaria Kadra: Jugurtha un berbère contre Rome - Chez Arléa 200 pages

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